1 – « D'après des résultats partiels, Recep Tayyip Erdogan a été élu président dès le premier tour sur ses deux adversaires de l'opposition. Selon des résultats partiels portant sur environ la moitié des bulletins dépouillés, le chef du gouvernement islamo-conservateur, 60 ans, au pouvoir depuis 2003, a obtenu près de 56% des voix, contre 35,9% au principal candidat de l'opposition Ekmelettin Ihsanoglu et 8,5% à celui de la minorité kurde, Selahhatin Demirtas. L'homme fort de la Turquie depuis 2003 devrait donc continuer à transformer le pays selon son goût islamo-conservateur, à la barre d'une présidence qu'il veut "forte". Loué pour son charisme comme il est dénoncé pour sa pratique sans partage du pouvoir, M. Erdogan, 60 ans, rejoindrait ainsi le père fondateur de la République moderne et laïque, Mustafa Kemal Atatürk, au palmarès des dirigeants les plus influents du pays. "Je vais voter pour la stabilité, la Turquie a été bien dirigée depuis treize ans", a déclaré à l'AFP Efgan, un concierge de 50 ans, en déposant dimanche matin son bulletin dans l'urne dans le quartier de Yildiz, un bastion laïque d'Ankara. »
2 – « La Turquie : une croissance démographique et économique presque insolente. La Turquie est aujourd’hui le troisième pays européen le plus peuplé et dispose d’une population jeune (28 % des Turcs ont moins de 14 ans). Selon les estimations, en 2020, la Turquie comptera 85 millions d’habitants et deviendra le pays le plus peuplé d’Europe devant l’Allemagne. En termes de revenus, les chiffres sont également significatifs. Avec une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de 8,5 % en 2011, la Turquie rivalise avec la croissance chinoise. Le Produit Intérieur Brut par habitant augmente plus rapidement en Turquie qu’en Bulgarie ou en Roumanie, qui sont les deux derniers États membres de l’UE. »
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1 - Turquie : Erdogan élu au premier tour appelle à la réconciliation sociale
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est entré dans l'histoire dimanche comme premier président élu au suffrage universel direct, alors que ses opposants disent craindre un État de plus en plus autoritaire. Au son des klaxons et sous une nuée de drapeaux, ses partisans ont envahi les rues de la capitale Ankara après l'annonce faite par les chaînes de télévision turques que celui qui dirige le gouvernement depuis plus de dix ans a remporté 51,8 % des suffrages, contre 38,5 % pour son principal adversaire.
Le président du Haut Conseil électoral a confirmé que Recep Tayyip Erdogan avait remporté la majorité après dépouillement de plus de 99 % des bulletins de vote. Les résultats provisoires complets seront annoncés lundi, a-t-il déclaré. « Le peuple a montré sa volonté », a déclaré le futur chef de l'État, âgé de 60 ans, devant ses partisans réunis dans un centre de conférence à Istanbul. Du siège de son parti islamo-conservateur, le Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan a appelé à la réconciliation sociale lors de son premier discours en tant que président élu. « Je dis cela avec le coeur. Commençons aujourd'hui une nouvelle période de réconciliation sociale. » — Recep Tayyip Erdogan, lors de son discours de victoire
Sous la direction de Recep Tayyip Erdogan, la Turquie est apparue comme une force économique régionale. Le chef du gouvernement a parallèlement profité d'une vague de conservatisme religieux pour transformer la république laïque fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk sur les ruines de l'Empire ottoman. Ses détracteurs estiment qu'un Erdogan président, ne tolérant pas la critique et dont les racines plongent dans l'islam politique, va éloigner encore un peu plus la Turquie, membre de l'OTAN et candidate à l'entrée dans l'Union européenne, de l'idéal laïque de son père fondateur.
Deux mandats ?
Si sa victoire est confirmée, Erdogan devrait être investi président le 28 août. L'AKP va se réunir rapidement pour se pencher sur les candidats à sa succession aux postes de premier ministre et chef du parti. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est considéré comme le favori. Son principal adversaire, Ekmeleddin Ihsanoglu, candidat commun des laïques kémalistes et des nationalistes, a remporté 38,5 % des suffrages, selon les chaînes de télévision CNN Turk etNTV. Il a félicité Erdogan dans une brève déclaration.
Mise à jour le dimanche 10 août 2014 HAE/ Reuters
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2 - Turquie-Elu, Erdogan devrait maintenir le cap économique
ISTANBUL/ANKARA, 7 juillet (Reuters) - Des responsables turcs ont affirmé à Reuters que les ministres clé en charge des dossiers économiques resteront en poste si le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan remporte, comme attendu, l'élection présidentielle du mois d'août et ils écartent l'idée d'un tournant populiste qui mettrait à mal une décennie de forte croissance de l'économie turque.
A l'approche de la présidentielle, dont le premier tour est prévu le 10 août et qui sera la première au suffrage universel direct dans le pays, le projet d'amnistie fiscale de Recep Tayyip Erdogan et ses critiques contre les hausses de taux de la Banque centrale font craindre aux investisseurs que des mesures démagogiques mettent à mal la discipline économique.
Certains redoutent également que le tandem entre le ministre des Finances Mehmet Simsek et le vice-Premier ministre Ali Babacan soit remplacé par des personnalités politiques plus fortes, mais des responsables gouvernementaux ont déclaré à Reuters que cette hypothèse était improbable. "Ces politiques perdureront avec la même finalité. Les ministres qui les mettront en oeuvre seront les mêmes, cela ne semble pas être une question en suspens", a déclaré l'un de ces responsables.
"En particulier, il n'y a aucun problème à l'égard de Babacan et Simsek. Il est considéré comme quasiment acquis qu'ils poursuivront leurs missions." Si le choix des membres du gouvernement reviendra au nouveau Premier ministre, analystes et responsables s'attendent largement à ce que Recep Tayyip Erdogan nomme un fidèle à ce poste. De récents sondages indiquent que Recep Tayyip Erdogan pourrait être élu dès le premier tour.
Sous les auspices d'Ali Babacan et Mehmet Simsek, l'économie turque connaît une période de stabilité sans précédent tandis que le duo tente de réduire des déséquilibres à long terme comme l'inflation et le déficit extérieur courant. Recep Tayyip Erdogan est pleinement conscient de l'importance de leur approche pour la crédibilité de la Turquie, ce qui devrait leur garantir de rester en poste au moins jusqu'aux élections législatives de 2015, a-t-on appris auprès de sources au sein du gouvernement.
"Jusqu'à présent Babacan et Simsek se complètent. Il est difficile de prédire ce qu'il se passera à long terme, mais dans les circonstances actuelles, Babacan va quitter la politique (après les législatives de 2015)", a déclaré un autre responsable du gouvernement, ajoutant que le vice-Premier ministre en était actuellement à son troisième mandat parlementaire, soit le maximum fixé par l'AKP au pouvoir.
DERRIÈRE LA RHÉTORIQUE
Les investisseurs s'inquiètent également de la situation en Syrie et en Irak, deux pays voisins, des ingérences du gouvernement dans la politique monétaire et de la perspective que la Turquie prenne un tournant autoritaire sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan.
La croissance turque a été de 5% en moyenne au cours des dix années ayant suivi son arrivée au pouvoir en 2003 et l'inflation est revenue à 9,32% en juin contre plus de 30%. Certains analystes estiment cependant qu'en l'absence de réformes structurelles, comme l'amélioration de la gouvernance des institutions et celle du système éducatif, la croissance turque pourrait être limitée entre 2 et 4% à long terme. Ces derniers mois les marchés financiers se sont inquiété des attaques répétées d'Erdogan contre la banque centrale, notamment après le relèvement des taux en janvier, ce qui a soulevé des craintes sur l'indépendance de l'institut d'émission. Ses affirmations répétées selon lesquelles des taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation ont également conduit certains à s'interroger sur ses compétences dans ce domaine.
Si Erdogan a récolté les fruits de politiques de taux d'intérêt bas et d'un secteur de la construction en plein boom, l'éditorialiste d'Hurriyet et ancien banquier Ugur estime que le dirigeant pourrait ne pas avoir saisi le risque qu'il y avait à poursuivre une telle politique dans les circonstances actuelles.
"La Turquie a jusqu'à présent profité de l'abondance des liquidités mondiales et négligé les réformes structurelles. Le Premier ministre n'en a pas vraiment conscience et continue de s'attribuer cette réussite. C'est là qu'est le danger", dit-il. Mais, derrière la rhétorique, les analystes doutent qu'Erdogan compromette les fondamentaux d'une telle croissance. Mehmet Simsek, l'ancien banquier de Merrill Lynch qui en est à son deuxième mandat parlementaire, devrait ainsi garder la mainmise sur l'élaboration des politiques économiques, tandis qu'un moyen pourrait même être trouvé pour garder Ali Babacan, juge Jonathan Friedman, analyste en charge de la Turquie chez Control Risks à Londres. "Une fois président et sous réserve de bons scores aux élections législatives, Erdogan mettra un terme à sa rhétorique populiste", prédit-il.
"En fin de compte, Erdogan et l'AKP ont toujours considéré que se faire les chantres du libéralisme et de l'investissement étranger étaient les clés de leur stratégie pour rester au pouvoir et cela ne changera pas sous une présidence d'Erdogan". (Avec Jonny Hogg à Ankara, Mathilde Gardin pour le service français, édité par Véronique Tison)
07/07/14 / Reuters/ par Asli Kandemir et Orhan Coskun
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3 - Erdogan président d'une "nouvelle Turquie"
D'après des résultats partiels, Recep Tayyip Erdogan a été élu président dès le premier tour sur ses deux adversaires de l'opposition. Il obtient ainsi carte blanche pour continuer à transformer le pays selon son goût islamo-conservateur, à la barre d'une présidence qu'il veut "forte".
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été élu dimanche président de la République turque dès le premier tour du scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct, ont rapporté les chaînes de télévision. Selon des résultats partiels portant sur environ la moitié des bulletins dépouillés, le chef du gouvernement islamo-conservateur, 60 ans, au pouvoir depuis 2003, a obtenu près de 56% des voix, contre 35,9% au principal candidat de l'opposition Ekmelettin Ihsanoglu et 8,5% à celui de la minorité kurde, Selahhatin Demirtas. L'homme fort de la Turquie depuis 2003 devrait donc continuer à transformer le pays selon son goût islamo-conservateur, à la barre d'une présidence qu'il veut "forte".
Loué pour son charisme comme il est dénoncé pour sa pratique sans partage du
pouvoir, M. Erdogan, 60 ans, rejoindrait ainsi le père fondateur de la
République moderne et laïque, Mustafa Kemal Atatürk, au palmarès des dirigeants
les plus influents du pays. "Je vais voter pour la stabilité, la Turquie a été bien dirigée depuis
treize ans", a déclaré à l'AFP Efgan, un concierge de 50 ans, en déposant
dimanche matin son bulletin dans l'urne dans le quartier de Yildiz, un bastion
laïque d'Ankara. "Je suis là pour qu'Erdogan ne puisse pas être élu", a confié de son
côté Melih Kocak, 40 ans, en quittant un isoloir du quartier stambouliote de
Besiktas. "Mais, malheureusement, nous savons déjà qu'il sera
président".
Au terme d'une campagne qu'il a écrasée de son charisme et de millions d'euros
d'affiches et de spots publicitaires, aucun des deux adversaires de M. Erdogan
ne semblait effectivement en mesure de lui barrer la route du palais de
Cankaya. Aux harangues enflammées du chef du gouvernement, le candidat des deux partis
de l'opposition social-démocrate et nationaliste, Ekmeleddin Ihsanoglu, un
historien de 70 ans qui a dirigé l'Organisation de la coopération islamique
(OCI), n'a pu opposer qu'une image de grand-père rassurant mais sans relief. "La campagne a été injuste, disproportionnée mais nous avons confiance
dans le bon sens de notre nation", a déploré M. Ihsanoglu en votant à
Istanbul. "Nous allons remporter facilement le premier tour",
avait-il même pronostiqué, contre tous les sondages. Les dernières enquêtes d'opinion publiées cette semaine anticipaient toutes un
triomphe de M. Erdogan, le créditant de 51 à 57% des intentions de vote.
Candidat des kurdes, le troisième candidat de ce premier tour, Selahattin
Demirtas, un avocat de 41 ans au sourire photogénique, a fait des droits et des
libertés sa priorité, avec l'espoir de mordre au-delà de cette communauté de 15
millions d'âmes.
"Claque démocratique"
"Quels que soient les résultats, nous espérons que la liberté, la
démocratie et la fraternité triompheront", a-t-il souhaité en votant à Diyarbakir,
la "capitale" kurde du sud-est. Très sûr de lui, M. Erdogan a conclu
sa tournée électorale triomphale en appelant ses partisans à "exploser les
urnes" pour donner une "claque démocratique" à ses rivaux. Paradoxalement, le triomphe attendu de cet enfant des quartiers modestes
d'Istanbul intervient au terme d'une année très difficile. En juin 2013, des
millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste.
La sévère répression de cette révolte a sérieusement écorné l'image du régime.
L'hiver dernier, c'est un scandale de corruption sans précédent qui a
éclaboussé le pouvoir. M. Erdogan a dénoncé un "complot" de son
ex-allié islamiste Fethullah Gülen, avant de purger la police et de museler les
réseaux sociaux et la justice, au prix d'une nouvelle avalanche de critiques. Mais, même contesté comme jamais, Recep Tayyip Erdogan a remporté haut la main
les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu'il a
débarrassé de la tutelle de l'armée et dont la majorité religieuse et
conservatrice a largement bénéficié de la forte croissance économique sous son
règne. Fort de ce soutien, M. Erdogan, contraint de quitter le poste de Premier
ministre aux législatives de 2015, est décidé à conserver les rênes de la Turquie
depuis la présidence, pourquoi pas jusqu'en 2023, année du centenaire de la
République. Il a déjà prévenu qu'il utiliserait toutes les prérogatives d'une fonction
largement honorifique, avant de réformer la Constitution pour
"présidentialiser" le régime.
Un "fantasme", a dénoncé son rival Ihsanoglu qui, comme les
adversaires de l'AKP et de nombreux observateurs dénoncent "le danger de
dérive autocratique". Le chef du gouvernement a balayé ces objections et fait campagne en exaltant la
"nouvelle Turquie" de ses partisans contre la "vieille
Turquie" de ses critiques de l'élite intellectuelle et laïque, des
"ennemis de la Turquie" contre lesquels il a promis d'être
"encore plus dur".
10 août 2014
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4 - Situation économique et financière de la Turquie à l’été 2014
4.1- L’économie turque, qui a enregistré une croissance de 4% de son PIB en 2013, reste robuste avec une progression de 4,3% au 1er trimestre 2014.
En 2013, la consommation des ménages et les dépenses publiques ont été les principaux moteurs de la croissance. Au 1er trimestre 2014, les exportations (+11,4%) semblent avoir pris le relais de la consommation des ménages alors que les dépenses publiques restent dynamiques (+ 8,6%). Fin 2013, le PIB s’établissait à 820 Mds USD et le PIB/habitant à 10 782 USD (contre 10 459 USD en 2012).
4.2. La progression de la demande intérieure en 2013 cumulée avec l’effet de la forte dépréciation de la livre turque fin 2013 - début 2014 sur l’inflation importée, ont alimenté les pressions inflationnistes : l’inflation s’est établie à 7,5% en moyenne en 2013 et à 9,16% en glissement annuel en juin 2014 soit un niveau très supérieur à la cible de 5% retenue par la banque centrale.
4.3. Le dynamisme économique a contribué à la réduction du déficit des dépenses publiques qui représente 1,2% du PIB en 2013 (contre 2,1% du PIB en 2012). La dette publique turque s’établit à 36,3% du PIB en 2013.
4. 4. Les déséquilibres externes et la très grande dépendance de la Turquie aux flux de hot money constituent sans doute la principale vulnérabilité de l’économie turque. Alimenté par un déficit du commerce extérieur structurel, le déficit de la balance courante représentait 7,9 % du PIB en 2013. Ce déficit est financé, en raison du faible taux d’épargne privé et du niveau insuffisant des Investissements Directs Etrangers, majoritairement par de la hot money. Compte tenu de la diminution du déficit commercial observé depuis le début de l’année (- 24% sur les quatre premiers mois), un déficit du compte courant de l’ordre de 6% du PIB parait une hypothèse réaliste en 2014. Le stock de dette externe (dette brute) représentant 47,3 % du PIB en 2013 (contre 43% du PIB en 2012) est majoritairement détenu par le secteur privé.
Au total, les besoins de financements externes sont évalués à 26% du PIB en 2014.
Cette dépendance de l’économie turque aux capitaux et financements étrangers a été mise en évidence en 2013 lorsque la Turquie, comme d’autres pays émergents, a été affectée par les annonces relatives à l’exit strategy de la FED et que la livre turque a connu de forts mouvements de dépréciation en mai - juin ainsi qu’en décembre 2013 et janvier 2014.
Publié le 24/07/2014
http://www.tresor.economie.gouv.fr/9862_situation-economique-et-financiere-de-la-turquie-a-lete-2014
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5 - Économie turque : quelles grandes tendances en 2014 ?
- Réduction du déficit extérieur, en ligne avec le ralentissement de la croissance
- Inflation supérieure à l’objectif annuel de la banque centrale en raison de la dépréciation de la lire et des prix élevés des denrées alimentaires
- Risques politiques à surveiller à court et moyen terme
- Détérioration générale des risques, à l’exception des secteurs tournés vers le marché international
Risque entreprise sous tension en 2014
En 2013, l’économie turque a affiché une forte croissance de 4 %, grâce au dynamisme de la demande intérieure. La consommation et l'investissement ont contribué à la croissance annuelle à hauteur de 3,7 et 1,1 points respectivement. Les exportations nettes ont pesé sur le taux de croissance à hauteur de 2,3 points, la forte demande intérieure ayant stimulé les importations. Les prix élevés des denrées alimentaires, la vigueur de la demande intérieure et la forte dépréciation de la livre à la fin de 2013 ont provoqué une inflation qui s’est établie à 7,4 %, au-dessus de l’objectif de 5 % de la banque centrale.
En amont des élections présidentielles d’août 2014, Coface se montre prudente dans son appréciation du risque entreprise en Turquie. Si les tensions politiques s’attisaient à nouveau, comme en décembre et janvier derniers, les investisseurs pourraient fuir le pays, ce qui favoriserait la volatilité sur le Forex. Une situation qui pourrait impacter négativement le stock de dette extérieure, déjà à un niveau record, des entreprises.
Du côté de la croissance, la prévision de Coface est à la baisse (2% en 2014), en raison de l’affaiblissement de la demande intérieure, suite à l’augmentation des taux d'intérêt et aux restrictions visant à freiner la croissance excessive du recours à l’emprunt. Le taux de chômage devrait monter à court et moyen terme, en ligne avec le ralentissement de l'économie. La forte dépréciation de la lire en décembre-janvier derniers et l'augmentation du coût des emprunts créent des risques pour le secteur privé, en poussant vers la hausse les coûts de production et en réduisant les marges de profit.
Contribution à la croissance (%)
Compte tenu de tous ces facteurs, Coface a mis en mars dernier sous surveillance négative l’évaluation A4 de la Turquie
« Dans ces circonstances, les risques pour les secteurs industriels, dont l’activité dépend de la demande interne, seront plus élevés. Les secteurs tournés vers le marché international seront plus avantagés, bénéficiant de la reprise en Europe, le principal partenaire commercial de la Turquie, et de la faiblesse de la lire », explique Seltem Iyigun, économiste de Coface pour la région MENA.
La construction : les données du premier trimestre restent solides, mais la demande de logements s’affaiblit
Le ralentissement de la demande interne et l'augmentation des taux d'intérêt devraient affecter négativement le secteur de la construction. Au premier trimestre, les ventes de logement ont résisté plus que prévu, avec une chute de 6 % par rapport au même trimestre de 2013. Cependant, la part des maisons financées par un prêt hypothécaire a chuté de 30% au cours de cette même période. À court et moyen terme, la hausse des taux d'intérêt pourrait peser sur les ventes. Cela peut avoir à son tour un impact négatif sur les secteurs dont l’activité est étroitement liée à celle de la construction, tels que les industries du ciment, des métaux, de l’acier, des articles électroménagers, etc.
Le textile et de l’habillement bénéficient de la faiblesse de la monnaie locale et du retour des clients européens
La dépréciation de la livre turque constitue un avantage pour les secteurs du textile et de l'habillement puisque leurs produits deviennent plus compétitifs par rapport à ceux de leurs concurrents. Ces secteurs bénéficient déjà de compétences solides et d’un vaste parc de machines et d’une proximité avec les pays européens, qui sont leurs principaux clients,. Les premières données montrent que la reprise en Europe a soutenu les exportations de produits textiles et de vêtements en provenance de Turquie vers le vieux continent. Les États-Unis et l'Union européenne envisagent la signature d'un accord de partenariat commercial et d'investissement, investir en Europe de l'Est pouvant être une stratégie pertinente pour les producteurs turcs : ils pourraient ainsi exporter vers les États-Unis sans avoir à payer de droits de douane. En 2014, les exportations devraient compenser le ralentissement de la demande interne. La volatilité des taux de change et des prix des matières premières demeure le principal risque pour ces secteurs. Les efforts en matière de stratégie de marque et de R&D sont des points essentiels pour le développement de ces secteurs à moyen et long terme.
L'automobile : chute des ventes sur le marché national, les exportations deviennent prioritaires
Les restrictions sur les prêts à la consommation, l'augmentation des impôts et la dépréciation de la livre turque devraient porter préjudice aux ventes de l'industrie automobile sur le marché national. Les ventes de voitures particulières et de véhicules utilitaires légers ont chuté de 25,5 % entre janvier et avril 2014 par rapport à la même période de 2013. Cependant, la reprise des marchés européens et la dépréciation de la livre sont censées soutenir les exportations qui ont progressé de 4 %. Toute réduction du fardeau fiscal permettrait au secteur de mieux profiter du fort potentiel du marché intérieur, un facteur important pour améliorer les résultats à l'export.
25/06/2014 / Risque pays et études économiques
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6 - Le long chemin de l'adhésion turque à l'Union européenne
En visite officielle à Ankara les 27 et 28 janvier, le président français François Hollande ne pouvait se soustraire à la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE), dont les négociations sont bloquées depuis trois ans. Après la répression par les autorités turques du mouvement de contestation de la place Taksim d'Istanbul au printemps 2013 et à cinq mois d'élections européennes qui s'annoncent comme un désastre pour le Parti socialiste, le sujet est délicat.
En soi, cette visite, la première d'un chef d'Etat français depuis 1993, constitue un signal de relance pour la Turquie, au moment où elle traverse une crise politique sans précédent. Mais le président Hollande s'est contenté d'acter que l'entrée de la Turquie dans l'UE « sera en France de toute manière soumise à référendum», lors d'une conférence de presse avec son homologue turc, Abdullah Gül. Une éventualité qui ne devrait pas se présenter sous son mandat ni pendant le suivant.
Un processus lancé en 2005
Officiellement candidate depuis 1999, la Turquie a obtenu, le 3 octobre 2005, l'ouverture des négociations avec l'UE en vue de son adhésion. Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, arrivé au pouvoir avec l'AKP (islamo-conservateur) en 2002, a lancé un vaste chantier de réformes politiques et économiques dans l'espoir d'entrer dans l'Union. Depuis 2007, la Turquie a reçu 4,8 milliards d'euros de l'Union européenne (685 millions d'euros par an) pour faciliter son adaptation aux critères européens. L'instrument d'aide de préadhésion (IAP) de la Commission vise à soutenir l'édification d'institutions démocratiques et d'une économie de marché, une amélioration de la capacité administrative, le développement régional et rural, etc.
Sur les 35 chapitres des négociations, treize ont été ouverts et un seul a jusqu'ici pu être bouclé. Les autres chapitres ont été bloqués soit par la France soit par Chypre, dont la partie nord est occupée depuis 1974 par les troupes turques. Aucun nouveau thème n'a ainsi été abordé depuis juin 2010.
Le désir turc d'Europe
« La Turquie a choisi l'Europe et l'Occident comme modèle de civilisation depuis deux siècles et s'en est inspiré pour son entreprise de modernisation politique, économique et culturelle lors de la fondation de la république turque par Atatürk dans les années 1920 », explique Nicolas Monceau, maître de conférence à l'université de Bordeaux. Son entrée dans l'UE, vu comme l'aboutissement de ce processus, serait un succès politique majeur pour les dirigeants turcs.
Ces derniers ont fait de l'intégration européenne un axe central de la politique étrangère turque depuis l'accord d'association avec l'UE en 1963. La Turquie, membre de l'OTAN, a intégré depuis la plupart des institutions de l'Europe : le Conseil de l'Europe, l'OCDE... et a passé un accord sur une union douanière avec l'Union en 1996.
Les arguments intégrationnistes vus d'Europe
Pour ses partisans, l'intégration de ce pays de 75 millions d'habitants, 17e PNB mondial, à l'UE devrait « consolider et renforcer les échanges économiques entre la Turquie et l'Union européenne, qui constitue l'un de ses principaux partenaires commerciaux », note M. Monceau. Sur le plan politique, les intégrationnistes estiment que l'entrée de la Turquie renforcerait la puissance de l'Europe et que « l'intégration de ce pays majoritairement musulman serait un signal fort en faveur du dialogue et du rapprochement avec le monde musulman », ajoute le spécialiste.
« De manière générale, si l'on reprend les débats menés au sein de l'UE ces dix dernières années, les institutions européennes ont soutenu la volonté de mener les négociations d'adhésion avec la Turquie jusqu'au point le plus lointain voire même l'adhésion. Ce fut la position en particulier de la Commission européenne qui a adopté une position généralement modérée, prudente, pour encourager les réformes et ne pas fermer la porte. Les Etats membres ont été, eux, plus divisés en fonction de leur conjoncture politique et de leurs opinions publiques », analyse M. Monceau.
Les réticences européennes
Parmi les Etats membres, plusieurs arguments sont avancés contre l'intégration turque. Le refus de la Turquie de reconnaître la République de Chypre, Etat membre de l'Union, constitue le principal point de blocage. « La signature par Ankara en 2005 du protocole d'Ankara étendant l'Union douanière aux dix nouveaux Etats membres de l'UE, mais en refusant de reconnaître la République de Chypre, a bloqué les négociations », indique Nicolas Monceau.
Sur le plan économique, l'entrée de la Turquie dans l'UE fait craindre un flux migratoire conséquent en Europe. Sur le plan politique, « certains considèrent que du fait de son poids démographique, la Turquie aurait un rôle trop important dans les institutions européennes et notamment au Parlement européen. La question de sa loyauté à l'UE est posée », ajoute M. Monceau. D'autres craignent, par ailleurs, que les enjeux géopolitiques posés à la Turquie, qui partage des frontières avec l'Iran, l'Irak, la Syrie et la Géorgie, ne deviennent aussi le problème de l'Europe.
L'insuffisance des réformes économiques et politiques, notamment sur le plan du respect de l'Etat de droit et des droits de l'homme, notamment des femmes et des minorités, est aussi un argument de taille. « Les évolutions récentes, notamment les dérives autoritaires du premier ministre Erdogan, inquiètent les dirigeants européens », indique M. Monceau. Le principe de conditionnalité de l'adhésion à des réformes est utilisé par l'UE pour encourager Ankara à harmoniser ses normes démocratiques et ses règles de gouvernance économique.
Finalement, le poids des opinions publiques européennes, majoritairement défavorables à l'intégration de la Turquie, pèse dans la décision. Un sondage IFOP, publié récemment, révélait que 83 % des Français se déclaraient majoritairement hostiles à son entrée.
Le blocage franco-allemand
Paris s'est longtemps montré bienveillant devant l'ambition turque d'intégrer le marché commun, malgré les débats politiques intenses qu'elle suscite au sein de la classe politique. Le ton a changé radicalement avec les élections européennes de 2004, marquées par une poussée des mouvements populistes, hostiles à l'entrée de la Turquie musulmane dans le « club chrétien ».
La France sous le président Nicolas Sarkozy et l'Allemagne de la chancelière Merkel ont bloqué l'ouverture de cinq nouveaux chapitres de négociations qui auraient rendu inéluctable l'adhésion de la Turquie à l'UE : politique régionale, politique agricole commune, union économique et monétaire, dispositions institutionnelles et dispositions financières. Toutes deux ont proposé un « partenariat privilégié » comme alternative à l'adhésion, une option balayée par Ankara.
Cap à l'est ?
La frustration des Turcs face à ce blocage les a conduits à se tourner vers l'est. Fin janvier, le premier ministre Erdogan a ainsi suggéré que son pays pourrait privilégier, faute de progrès avec les Européens, un rapprochement avec l'Organisation de coopération de Shanghaï, emmenée par la Chine, la Russie et les républiques d'Asie centrale.
« Les menaces de rupture avec l'UE seraient un coup de bluff de la part des dirigeants turcs. Il n'est pas dans l'intérêt de la Turquie sur le plan, économique, politique et militaire de s'éloigner de l'UE et des Etats-Unis », estime Nicolas Monceau. L'échec de la politique de « bon voisinage » mise en œuvre sur le plan régional par la Turquie depuis 2007, notamment sur les dossiers arménien, syrien et égyptien, incite par ailleurs Ankara à réaffirmer son ancrage européen.
Avec la visite de François Hollande et la relance du processus, le discours s'est apaisé. « Pour nous, l'Union européenne est un objectif stratégique. Mais même si nous arrivons à mener les négociations jusqu'au bout, cela ne veut pas forcément dire qu'il y aura adhésion », a indiqué le président Abdullah Gül, lors de la visite de François Hollande.
La relance du processus
Après trois ans de statu quo dans les négociations, la France a levé, en novembre 2013, son blocage sur le chapitre consacré aux politiques régionales, « pour sortir de l'impasse ». La nécessité de renouer le dialogue avec la Turquie s'est imposée, en France comme en Allemagne, compte tenu de la répression violente du mouvement de contestation parti de la place Taksim.
François Hollande souhaite des relations plus apaisées avec la Turquie, afin d'utiliser le levier de l'adhésion pour exprimer des exigences en matière d'indépendance de la justice, de respect de l'Etat de droit et des droits de l'homme. Le président français a une nouvelle fois exhorté la Turquie à faire son « travail de mémoire » sur le génocide de centaines de milliers d'Arméniens par l'empire ottoman en 1915.
« La relance des négociations doit permettre de détendre un peu les discussions stratégiques avec les Turcs, qu'il s'agisse de la Syrie, de l'OTAN, de leur rôle dans la Méditerranée, d'énergie ou d'immigration », justifie également un diplomate.
La Turquie et l'UE ont ainsi signé le 16 décembre un accord sur l'immigration clandestine, par lequel Ankara s'engage à accepter le retour sur son territoire des migrants clandestins partis de Turquie et expulsés par les Européens. En contrepartie, l'UE a accepté de garantir dès 2017 la libre entrée des ressortissants turcs sur son territoire.
Quelle perspective à long terme ?
Ankara réclame désormais le déblocage des quatre autres volets gelés par Nicolas Sarkozy. A Paris, comme à Bruxelles, on considère que certains chapitres sont impossibles à ouvrir en raison du manque de réformes constaté à Ankara. Et l'on attend l'assouplissement de certaines lois antiterroristes, considérées comme liberticides, dans le contexte des pourparlers engagés avec la minorité kurde. Souhaitant faire levier pour garantir la poursuite des réformes de démocratisation en Turquie, la Commission a demandé aux 28 Etats membres de dégager la voie à l'ouverture de deux autres chapitres portant sur les droits fondamentaux, la justice, la liberté et la sécurité.
Quoi qu'il en soit, estime Nicolas Monceau, « la perspective de l'entrée de la Turquie dans l'UE a été reléguée au second plan ». « Elle n'est plus aujourd'hui un enjeu prioritaire. Les élections européennes pourraient toutefois donner lieu à une nouvelle irruption de la question turque dans la campagne comme cela avait été le cas en 2004 et 2009. »
Par Hélène Sallon / International / Le Monde.fr | 29.01.2014 / Mis à jour le 29.01.2014
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7 - La Turquie, puissance économique
Selon l’étude « The world in 2050″ réalisée par HSBC , la Turquie sera la 5e puissance économique européenne en 2050 et la 12e puissance économique mondiale derrière l’Italie et le Canada en 2050. En 2010, la Turquie affiche un taux de croissance (+9,1 %) supérieur à celui du Brésil (+7,5 %), de la Suède (+6,1 %) ou de l’Allemagne (+3,7 %). La structure de la production de la Turquie est caractérisée par une surreprésentation de l’industrie et de l’agriculture et une sous représentation des services. La Turquie est un pays industriel où l’agriculture occupe une place importante dans la production de la richesse nationale. La valeur ajoutée de l’industrie représente 26,6 % du PIB contre 63,7 % pour les services et 9,6 % pour l’agriculture.
Le « Printemps Arabe » a souligné l’importance régionale de la Turquie.
La « démocratie musulmane » qui y détient le pouvoir, un peu à l’image de la « démocratie chrétienne » dans d’autres pays européens, sert de modèle aux nouvelles élites tunisiennes ou égyptiennes. Le rééquilibrage des relations avec Israël au profit de la Palestine conférera à la Turquie un rôle de pivot lorsque les lignes bougeront. Dans Le Monde du 19 avril, Guillaume Perrier écrit un article intitulé « Le Moyen-Orient, nouvelle terre de conquête d’une Turquie en forte croissance ». « En 2001, frappée par une crise financière et monétaire, l'économie turque s'effondrait, maintenue à flot grâce à l'aide du Fonds monétaire international (FMI), écrit le journaliste. Dix ans plus tard, le tableau tranche radicalement. La Turquie s'est hissée au rang de 15e économie mondiale et a pris place au sein du G20.
Vers un modèle turc en devenir ?
Le virage diplomatique engagé par la Turquie, encouragé par la
nostalgie de l’histoire ottomane, dessine les contours d’un modèle
socio-économique séduisant pour l’Orient.
Les positions turques, soutenant les valeurs de la liberté et de la
démocratie inspirent non seulement les pays du printemps arabe en tant que
réussite, mais permettent également de nouer des accords commerciaux. L’exemple
irakien constitue un bon élément d’analyse sur ce point. Hostile à
l’intervention militaire des États-Unis en 2003, la Turquie a considérablement
amélioré ses relations diplomatiques avec son voisin.
Aujourd’hui, l’économie des régions frontalières entre ces deux pays se
transforme sous l’essor des investissements portés par les entrepreneurs turcs.
L’Irak se positionne désormais comme seconde destination des exportations
turques juste après l’Allemagne. Dans un pays peuplé majoritairement de
musulmans et constitutionnellement laïc, l’opinion publique soutient cette
volonté de diffuser ses fondamentaux dans la région. La Turquie a objectivement acquis une voix qui compte dans le monde, en dépit de
ses nombreuses désillusions sur la scène européenne. Évoluant dans une zone géopolitique instable, entre Europe et Orient, la
Turquie reste ni plus ni moins un symbole de paix entre ces deux univers
opposés. Cette nouvelle puissance régionale dispose de toutes les cartes en main pour
assurer son indépendance et s’imposer comme une plaque tournante du commerce
international.
Et devenir plus compétitive que la
plupart des pays de l’UE…
La Turquie : une croissance démographique et économique presque insolente
La Turquie est aujourd’hui le troisième pays européen le plus
peuplé et dispose d’une population jeune (28 % des Turcs ont moins de 14
ans). Selon les estimations, en 2020, la Turquie comptera 85 millions
d’habitants et deviendra le pays le plus peuplé d’Europe devant l’Allemagne. En
termes de revenus, les chiffres sont également significatifs. Avec une
croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de 8,5 % en 2011, la Turquie
rivalise avec la croissance chinoise. Le Produit Intérieur Brut par habitant
augmente plus rapidement en Turquie qu’en Bulgarie ou en Roumanie, qui sont les
deux derniers États membres de l’UE.
Ce couple formé par une population jeune et qui améliore son pouvoir
d’achat laisse entrevoir un dynamisme et une croissance du marché intérieur. La
croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 8,9 % en 2010.
Désormais supérieur à 6 900 euros annuels par habitant - 9 650 en parité de pouvoir d'achat (PPA) -, le PIB ouvre les horizons économiques de la Turquie. D'importantes transformations politiques et sociales ont accompagné cette croissance, faisant apparaître une véritable classe moyenne (45 % de la population), au sein d'une population urbanisée à 65 %.
La forte consommation intérieure, dans un pays de 74 millions d'habitants dont la moyenne d'âge est de 28 ans, est un facteur essentiel du "miracle turc". Le secteur de la construction, en hausse de 18 % en 2010, l'automobile ou les biens d'équipement électroménager dessinent des courbes ascendantes. (…)
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) constate une augmentation importante de la compétitivité après 2005. La productivité du travail est passée de 35 % de la moyenne de l'Union européenne en 1995, à 62 % en 2009, la Turquie dépassant même plusieurs pays membres. L’OCDE souligne la présence croissante des entreprises turques dans les pays de la Méditerranée.
Dans tout le Moyen-Orient, elles réalisent aéroports (Tripoli, Erbil, Le Caire, Tunis, Dubaï), autoroutes, ponts, pipelines... Les entreprises turques exportent du textile, des produits agroalimentaires, des meubles...
Pour accélérer son implantation dans les pays arabes, Ankara a assoupli les procédures de visas, conclu des accords de libre-échange avec le Maroc et la Tunisie, puis fin 2010, avec la Syrie, la Jordanie, le Liban. L'Irak pourrait les rejoindre dans un vaste "Schengen du Moyen-Orient", désiré par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. »
L’Union Européenne ne séduit plus la Turquie et ne présente plus autant d’atouts
La Turquie dispose d’une union douanière avec l’UE depuis 1996.
Il s’agit encore aujourd’hui du seul État non membre à avoir signé un accord de
ce type avec l’UE. Autrefois première destination des exportations turques,
l’UE n’en représente plus que 42 % en 2012. Les flux commerciaux deviennent de
plus en plus importants avec l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Ces derniers
ont doublé depuis une dizaine d’années. La crise économique en Europe comme
unique explication de ce recul n’est guère satisfaisante.
Il y a en réalité un changement de stratégie économique en Turquie et dans
laquelle l’UE est moins considérée comme un associé de premier plan. Trop
longtemps mise à l’écart par les dirigeants européens, considérée comme
"partenaire privilégié" par certains, placée sur "liste
d’attente" pour d’autres, la Turquie s’éloigne de son destin économique
lié à celui de l’Europe.
En s’intéressant proprement aux questions économiques d’une éventuelle
adhésion, l’économie turque doit effectuer un arbitrage déterminant entre la
perte de l’autonomie de sa politique monétaire et le gain généré par les fonds
structurels européens.
En 2012, la Turquie remplit les critères de Maastricht pour intégrer la
zone euro.
La dette publique turque représente 40 % de son PIB (contre 89 % en France) et
le déficit public est inférieur à 3 % du PIB. En outre, adopter la monnaie
unique permettrait à la Turquie d’atteindre ses objectifs de niveau
d’inflation. Pourtant, l’économie turque serait-elle assez prête à abandonner
sa politique monétaire au risque de ne plus pouvoir réagir face à des chocs
exogènes unilatéraux ?
Le second élément qui constitue l’arbitrage est relatif aux
fonds structurels européens.
Au regard du rythme de croissance de l’économie turque, le pays pourrait être
bénéficiaire net pendant une vingtaine d’années avant d’en devenir contributeur
net.
http://latunisiededina.blogspot.com/2013/04/le-grand-retour-de-la-turquie-puissance.html
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