Publié le 25/12/2014 à 03:09:11
MONDE/ JAPON/ POLITIQUE/ GOUVERNANCE/ ECONOMIE : Triomphe de la politique économique Abenomics de M. SHINZO ABE
1 –
« Élu pour la troisième fois de sa carrière à la tête de l’archipel
nippon, Shinzo Abe entend poursuivre son programme avant tout économique. Le
Premier ministre Shinzo Abe a été réélu sans surprise mercredi par le
Parlement, s’offrant un nouveau mandat pour mettre en oeuvre ses «abenomics»
et son ambition de redonner fierté et puissance à son pays. Dix jours après la
victoire sans appel de son Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) à un scrutin
législatif anticipé, Shinzo Abe a rassemblé 328 voix sur 470 votes
exprimés à la chambre basse et 135 sur 240 à la chambre haute, ce qui le
place pour la troisième fois de sa carrière à la tête de l’archipel nippon. Shinzo Abe,
lui-même député, a salué ses collègues lors de l’annonce des résultats dans
l’hémicycle, sous les applaudissements nourris des élus de sa formation. La
réélection de ce meneur conservateur sans réel rival était une formalité, le
PLD ayant 291 députés et son allié centriste Nouveau Komeito 35.
Shinzo Abe, dont le parti domine aussi le Sénat, a rassemblé tout son camp
et même au-delà. Il faisait face à quatre autres candidats qui n’avaient aucune
chance. Le deuxième, Katsuya Okada, un ténor du Parti Démocrate du Japon (PDJ,
centre gauche), a obtenu pour sa part 73 voix de députés et 61 de sénateurs. »
2 –
« Lors de sa récente visite au Japon, François Hollande n’a pas caché son
intérêt pour le programme de relance économique du Premier ministre du Japon,
Shinzo Abe, au pouvoir depuis décembre dernier. Ce programme, surnommé « Abenomics »
(Abe + economics), repose sur trois piliers : 2.1- une politique budgétaire expansive qui consiste en une série
de relances, dont celle votée en janvier 2013 pour un montant d’environ 80
milliards d’euros (10 300 milliards de yen) ;
2.2 - une politique monétaire non conventionnelle destinée à sortir
le Japon de la déflation qu’il connaît depuis plus de quinze ans. Cette
politique comprend notamment des achats très soutenus d’obligations souveraines
de long terme et le doublement de la base monétaire d’ici 2014. Cette nouvelle
stratégie monétaire, similaire à celle menée par la Fed depuis 2008, est un
vrai tournant par rapport à la politique monétaire menée par le Japon au début
des années 2000, ainsi que pendant la crise récente avant la nomination du
nouveau gouverneur Haruhiko Kuroda (cf le billet du 25 mars 2013) ;
2.3 - des réformes structurelles destinées à élever la croissance
japonaise à long terme. Il s’agit, entre autres, de participer à plusieurs
accords de libre-échange, nécessitant la dérégulation de certains secteurs,
ainsi que d’augmenter la participation des femmes au marché de travail pour
faire face au vieillissement de la population. »
3 –
« La rechute de l'économie japonaise au 3° trimestre 2014 s’explique par
un fort destockage, la reprise insuffisante de la consommation et un nouveau
recul de l’investissement. S'il est trop tôt pour parler d'échec, la réussite
de l'Abenomics est suspendue à l'effet de la nouvelle baisse du Yen et, à plus
long terme, des réformes structurelles. L’économie
japonaise a rechuté en récession. Le volume du PIB a reculé de 1,6% au
taux annuel au troisième trimestre (-1,1% sur un an). Cette contraction
s’explique par plusieurs facteurs : un fort déstockage, l’absence de
redressement franc de la consommation des ménages après la hausse de la TVA et un nouveau recul de l’investissement. En
réaction, la Banque du Japon a annoncé, fin octobre, la poursuite au-delà de
2014, en l'amplifiant, de sa politique monétaire ultra expansionniste. La dépréciation du yen qui a suivi est
bienvenue pour les exportateurs qui peinent à gagner des parts de
marché. »
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1
- Japon : Shinzo Abe réélu Premier ministre par le Parlement
Élu
pour la troisième fois de sa carrière à la tête de l’archipel nippon, Shinzo
Abe entend poursuivre son programme avant tout économique.
Le Premier ministre Shinzo Abe a été réélu sans surprise
mercredi par le Parlement, s’offrant un nouveau mandat pour mettre en oeuvre
ses «abenomics» et son ambition de redonner fierté et puissance à son
pays. Dix jours après la victoire sans appel de son Parti Libéral-Démocrate
(PLD, droite) à un scrutin législatif anticipé, Shinzo Abe a rassemblé 328
voix sur 470 votes exprimés à la chambre basse et 135 sur 240 à la chambre
haute, ce qui le place pour la troisième fois de sa carrière à la tête de
l’archipel nippon.
Shinzo Abe, lui-même député, a salué ses collègues lors de
l’annonce des résultats dans l’hémicycle, sous les applaudissements nourris des
élus de sa formation. La réélection de ce meneur conservateur sans réel rival
était une formalité, le PLD ayant 291 députés et son allié centriste Nouveau
Komeito 35. Shinzo Abe, dont le parti domine aussi le Sénat, a rassemblé
tout son camp et même au-delà. Il faisait face à quatre autres candidats qui
n’avaient aucune chance. Le deuxième, Katsuya Okada, un ténor du Parti
Démocrate du Japon (PDJ, centre gauche), a obtenu pour sa part 73 voix de
députés et 61 de sénateurs. Sur fond d’abstention record (près de 48%), le Parti Libéral
Démocrate (PLD) de Shinzo Abe avait remporté le 14 décembre haut la main
les élections législatives. Cette victoire n’a étonné personne, tant
l’opposition, divisée, était tout sauf en ordre de marche.
Shinzo Abe a formé son gouvernement dans la foulée en
reconduisant tous les actuels ministres, à l’exception de celui de la Défense :
Akinori Eto est remplacé par Gen Nakatani, un familier des questions de
sécurité nationale et de lutte antiterroriste. L’empereur Akihito doit
officiellement valider la composition de la nouvelle équipe, sans pour autant
avoir son mot à dire. Le Premier ministre tiendra ensuite une conférence de
presse, à 21 h 10 heure de Tokyo (12 h 10 GMT).
Plus
de temps pour les réformes
Après être parvenu à rééchelonner le calendrier électoral à sa
convenance et à s’octroyer deux ans de plus, Shinzo Abe entend poursuivre la
politique lancée depuis décembre 2012, date de son retour au pouvoir après un
premier mandat raté en 2006-2007. Son programme est d’abord économique, puisque
le chef du gouvernement conservateur avait transformé le scrutin législatif en
référendum pour ou contre les «abenomics». Depuis sa mise en œuvre fin
2012, cette stratégie de largesses budgétaires, souplesse monétaire et réformes
structurelles a dans un premier temps eu des effets positifs (baisse du yen,
retour d’une inflation modérée et regain de croissance), mais elle s’est
essoufflée ensuite et le Japon est retombé en récession au troisième trimestre
de cette année à la suite d’une hausse de la taxe sur la consommation début
avril.
Un nouveau plan de relance de l’ordre de 3 500 milliards de yens
(24 milliards d’euros) devrait être annoncé en fin de semaine. «L’économie
est la priorité, mais je veux aussi renforcer le rôle diplomatique du Japon et
assurer sa sécurité», aime répéter le Premier ministre. Shinzo Abe
souhaite profiter des années qu’il a devant lui pour faire avancer son ambition
de réformer la Constitution pacifiste de 1947, écrite par les Américains et
jamais amendée depuis. A l’instar des nationalistes, il juge qu’elle empêche le
Japon de tenir son rang sur la scène internationale, notamment face à une Chine
puissante et sûre d’elle.
Un
rôle plus important pour l'armée
Il voudrait inscrire dans la loi des textes qui lui tiennent
particulièrement à coeur, notamment sur la sécurité nationale (protection des
secrets d’Etat) et la défense collective (afin de permettre aux militaires
nippons d’épauler dans certains cas un pays allié attaqué). La Chine a
cependant d’ores et déjà mis en garde son voisin. «Shinzo Abe et son
nouveau ministre de la Défense vont devoir avancer avec précaution», a
relevé mercredi l’agence de presse officielle Xinhua (Chine Nouvelle).
«Tous
deux prônent un rôle plus important pour les Forces d’auto-défense»
(le nom officiel de l’armée japonaise), a-t-elle souligné. «La communauté
internationale doit garder un oeil sur eux et leur rappeler sans cesse de ne
pas aller trop loin».